jeudi 11 juin 2015

Un père pour mes rêves - Alan Duff (Lecture commune 5)




Auteur : Alan Duff
Titre : Un père pour mes rêves
Genre : roman
Langue d’origine : anglais (Nouvelle-Zélande)
Traducteur : Pierre Furlan
Editeur : Babel
Nombre de pages : 365p
Date de parution : mai 2014

Présentation de l’éditeur :
Fruit d'une brève liaison, pendant la Seconde Guerre mondiale, entre une jeune femme maorie, dont le mari est parti sur le front, et un Gi de passage, Mark, que chacun surnomme "Yank" (le Yankee), doit apprendre à endurer le mépris dont la communauté de Waiwera, petit paradis thermal néo-zélandais, accable sa mère depuis le retour au pays de son mari Henry, archétype du guerrier maori. Maltraité par son beau-père avant d'être condamné à vivre avec sa mère en marge de la société, Yank survit, loin du quotidien des familles maories ravagées par l'alcoolisme et la violence, grâce à la présence de quelques figures aimantes et au fantasme salvateur qu'il entretient d'un père fortuné et rayonnant aux allures de John Wayne ou d'Elvis Presley, son idole. Son vrai père, Jess Hines, s'étant, contre toute attente, enfin manifesté, Yank apprend, à sa grande déception, que la réalité est tout autre. Devenu musicien professionnel, Yank, alors âgé de vingt ans, entreprend le voyage au bout duquel il va enfin rencontrer son père et prendre conscience du sort terrible que l'Amérique du Ku Klux Klan réserve à Jess Hines et à ses semblables. Porté par une écriture puissante et volontiers subversive, ce roman de deux peuples, Maoris et Noirs américains, résonne des intonations de Martin Luther King et des protest songs de Bob Dylan, mais aussi des cris de tous les damnés de la terre auxquels il rend un hommage bouleversant d'humanité.

L'avis d'Ariane :

Avec ce roman j’ai découvert pour la première fois la littérature néo-zélandaise. La Nouvelle-Zélande est un de ces pays qui me font rêver. L’histoire se situe principalement à Waiwera célèbre pour ses sources chaudes (d’ailleurs en maori waiwera signifie eau (wai) chaude (wera)).


Le récit se déroule sur une vingtaine d’années de la seconde guerre mondiale aux années soixante. L’histoire s’inscrit pleinement dans ce contexte historique. J’ai toutefois trouvé que la partie américaine du récit n’était pas suffisamment exploitée.


La question de l’identité est au cœur de ce récit. L’identité maorie tout d’abord, entre tradition et modernité. Je pensais que les maoris, comme les aborigènes australiens, étaient considérés comme des citoyens de seconde zone. Or, j’ai découvert que ce n’était pas le cas même si dans les faits la plupart d’entre eux vivent dans la pauvreté. Mais ils avaient accès à l’éducation, les mariages mixtes étaient fréquents, il n’y avait pas de ségrégation.


L’identité de Yank est incomplète. Car il ne connaît pas son père. Mais il le rêve et c’est sur ces rêves qu’il construit son identité. Lorsqu’il découvre que son père n’est pas du tout le sosie de John Wayne qu’il avait imaginé mais un afro-américain, Yank est profondément perturbé. Son identité est remise en cause et il doit désormais se reforger une nouvelle identité. Il doit affronter ses préjugés basés sur les clichés du cinéma américain et décide de partir à la rencontre de ce père inconnu.


C’est un roman choral où domine la voix de Yank, mais l’on entend aussi Léna, Henri, Jess le père de Yank, Chud son meilleur ami et Barney un ami de Léna et Henri. Cette construction permet de mieux comprendre chaque personnage et les rends tous attachants.

J’ai partagé cette lecture avec Daphné.

Extrait choisi par Ariane :

« Père, ô père, on m’a dit que tu étais mort, que tu avais été tué à la guerre. Tu étais celui qu’il était interdit de mentionner dans la maison où j’ai grandi ; j’ai dû t’inventer dans ma tête. Jusqu’au jour où des mots écrits t’ont soudain donné vie. Tu n’étais pas le héros américain blanc que j’avais supposé : tu étais celui qui aujourd’hui se tient devant moi. Grand, sombre et beau. »

Lu dans le cadre du challenge Tour du monde
 

L'avis de Daphné:

J'ai découvert, avec ce roman, la population des Maoris, dont je ne savais que très peu de chose et la Nouvelle-Zélande dont j'étais tout aussi ignorante. J'aime être transportée, au gré de mes lectures, à travers des endroits qui me sont inconnus. J'aime découvrir ainsi des cultures, des traditions, des manières de vivre. J'ai donc beaucoup aimé cet aspect là du livre.

Un père pour mes rêves est un roman polyphonique où prédomine la voix de Yank. Yank, fruit d'un bref amour entre une jeune femme Maorie dont le mari est à la guerre et un soldat Américain. Yank, aimé et protégé par sa mère mais à qui, tout au long de son enfance, son beau-père fera payer cette liaison. Yank, qui se voit obligé d'affronter le mépris des villageois autour de lui. Yank qui cherche sa place, son identité et rêve de son père. 

J'ai trouvé cette quête de l'identité particulièrement bien traitée. Ce sont les rêves de Yank, l'image qu'il se fait de son père, qui détermine en grande partie ce qu'il est. Et c'est également le fait de se retrouver confronté face à une réalité toute autre de ce qu'il avait rêvé qui déterminera son évolution.

En revanche, j'ai trouvé qu'il y avait quelques longueurs vers le milieu du récit. Il faut dire que j'attendais impatiemment les retrouvailles entre Yank et son père, retrouvailles qui n'arrivaient pas assez vite à mon goût. Même si j'ai beaucoup apprécié la découverte de la Nouvelle Zélande, j'avais hâte d'en savoir davantage sur le père de Yank et sur la manière dont celui ci allait prendre conscience la ségrégation. Or, j'aurais aimé que cette partie là soit plus développée.

J'ai bien aimé le schéma narratif qu'a suivi l'auteur en accordant la voix à d'autres personnages que Yank. Je trouve toujours intéressant les romans polyphoniques. Permettre aux différentes voix et  points de vues de s'exprimer nous en apprend tellement plus sur les personnages.

Un roman, en lecture commune avec Ariane, que je suis contente d'avoir découvert.

Extrait choisi par Daphné :

"Et notre hymne national qui prétendait que nous étions au pays des hommes libres. Un mensonge , si on était d'ascendance noire dans cette nation où la moindre goutte de sang noir passait pour une tache."

L'avis de Mimi

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