mardi 21 mars 2017

Et toi, tu as eu une famille ? - Bill Clegg

Par Ariane



Auteur : Bill Clegg

Titre : Et toi, tu as eu une famille ?

Genre : roman

Langue d’origine : anglais (américain)

Traducteur : Sylvie Schneiter

Editeur : Gallimard

Nombre de pages : 288p

Date de parution : août 2016

Présentation de l’éditeur :

Il en faut peu pour détruire une vie. Un mensonge, une maladie, un accident…
En une nuit, un incendie a tout enlevé à June : sa fille Lolly, qui allait se marier le lendemain ; Will, son futur gendre ; Luke, son petit ami, et Adam, son ex-mari. Unique survivante et réduite à l'errance, elle traverse le pays en voiture, abandonnant la petite ville du Connecticut où a eu lieu la catastrophe, à la recherche de ce qui la lie encore à Lolly, avec qui ses relations étaient difficiles.
La voix des habitants, touchés eux aussi par le drame, émerge peu à peu. Il y a Lydia, la mère de Luke, mise au ban de la société en raison d’un scandale passé, il y a Silas, un adolescent qui aime tirer sur son bang de temps en temps, et ce d’autant plus qu’il est le détenteur d’un secret qu’il aimerait oublier. Il y a aussi les commères de la ville, qui voient en Luke un coupable idéal, car ce jeune Noir, de vingt ans le cadet de June, a déjà été incriminé pour une affaire de drogue. Autant de voix, de délicates interférences, qui témoignent de cette tragédie et en explicitent peu à peu les causes.



Mon avis :

Quatre personnes ont été tuées dans un incendie. June est la seule rescapée, incapable de faire face au deuil et à la culpabilité elle quitte la ville. Lydia a perdu son fils Luke, le petit-ami de June, dans la tragédie et doit faire face aux commérages rendant celui-ci responsable. Silas, un adolescent employé par Luke, ne parvient pas à oublier cette nuit. Autour de ces trois personnages il y a les voix multiples de personnes touchées de près ou de loin par l’incendie, leurs commentaires et leurs souvenirs, qui peu à peu éclairent les événements.

J’aime beaucoup la construction chorale de ce roman, c’est un exercice pas toujours évident mais l’auteur s’en sort remarquablement bien. Chaque voix apporte un détail, un point de vue, un élément  nouveau sur les personnages ou la situation. Le fil se déroule au fur et à mesure et les liens que l’on ne comprend pas toujours au départ se dévoilent.

Ce qui m’a étonnée c’est le choix de Bill Clegg d’apporter un point de vue externe pour certains personnages (Lydia, Silas et June, les témoins directs du drame), externe pour les autres. C’est assez déroutant au départ mais au final plutôt approprié aux événements.

Ce roman aborde les thèmes du deuil, de la culpabilité et de la résilience. Ce sont des thèmes intéressants en littérature, qui touchent à des sentiments profonds et complexes. Les personnages sont en proie à un terrible sentiment de culpabilité et à une solitude qui les ronge tout autant que leur deuil.

Mais plus que cela, l’auteur s’intéresse à la famille. C’est d’ailleurs sur cela que le titre met en avant. Avoir une famille, être une famille, qu’est-ce que ça veut dire ? Qu’est-ce qu’une famille ? Et qui est-on quand on n’a pas de famille. Un passage consacré à June exprime parfaitement cette perte d’identité qu’elle vit en même temps que la perte de sa famille (le passage cité plus bas)

J’aurai pu vraiment apprécier ce roman mais il m’a manqué quelque chose. Un élan, une profondeur que je n’ai pas trouvée.



Extrait :

« Elle est perdue, seule, ce qui n'a pas d'importance. Rien n'en a, se répète-t-elle pour la énième fois. Encore et encore, l'idée lui trotte dans la tête : son choix, quel qu'il soit, n'aura pas d'impact sur elle ou qui que ce soit. Auparavant, l'idée d'exister sans obligations, sans que ses actes aient de conséquence, l'aurait exaltée, sauf que l'expérience ne correspond en rien à ce qu'elle avait imaginé. C'est une moitié de vie, un purgatoire clivé où son corps et son esprit coexistent mais n'évoluent pas dans les mêmes sphères de la réalité. »

http://ennalit.canalblog.com/archives/2016/01/01/33098969.html

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