mardi 16 mai 2017

La tristesse des anges - Jon Kalman Stefansson

Par Ariane




Auteur : Jon Kalman Stefansson

Titre : La tristesse des anges

Genre : roman

Langue d’origine : islandais

Traducteur : Eric Boury

Editeur : Gallimard

Nombre de pages : 384p

Date de parution : juin 2011

Présentation de l’éditeur :

Lorsque Jens le Postier arrive au village, gelé, il est accueilli par Helga et le gamin qui le détachent de sa monture avec laquelle il ne forme plus qu’un énorme glaçon. Sa prochaine tournée doit le mener vers les dangereux fjords du nord qu’il ne pourra affronter sans l’assistance d’un habitué des sorties en mer.
De son côté, le gamin poursuit sa découverte de la poésie et prend peu à peu conscience de son corps, des femmes, et de ses désirs. C’est lui qu’on envoie dans cet enfer blanc, «là où l’Islande prend fin pour laisser place à l’éternel hiver», y accompagner Jens dans son périple. Malgré leur différence d’âge, leurs caractères opposés, ils n’ont d’autre choix que de s’accrocher l’un à l’autre, s’accrocher à leurs amours éloignées, pour ne pas céder à l’impitoyable nature.
Avec une délicatesse poétique singulière, Jón Kalman Stefánsson nous plonge dans un nouveau parcours à travers les tempêtes islandaises. Au milieu de la neige et de la tentation de la mort, il parvient à faire naître une stupéfiante chaleur érotique, marie la douceur et l’extrême pour nous projeter, désarmés et éblouis, dans cette intense lumière qui «nous nourrit autant qu’elle nous torture».



Mon avis :

J’ai terminé la lecture de ce roman depuis quelques jours et je suis bien en peine pour rédiger mon billet. Je me souvenais de mes très belles rencontres précédentes avec Jon Kalman Stefansson et je m’attendais à être sous le charme de ce roman qui est la suite du roman Entre ciel et terre. Mais je suis plus que charmée, je suis totalement conquise, subjuguée, hypnotisée par la beauté de cette histoire et la poésie des mots de Stefansson.

Dans le précédent roman, le gamin été venu au village après la mort de son ami Bardur pour rapporter un livre emprunté par celui-ci. Nous le retrouvons installé au café où il rend de menus services et se repaît de littérature et de poésie. Jens le postier va de villages en villages pour distribuer le courrier et le gamin va l’accompagner dans sa tournée. Ensemble, ils vont affronter la neige et la faim, et faire de magnifiques rencontres.

C’est froid. Terriblement froid. Le voyage du gamin et de Jens est un combat de tous les instants contre la tempête. La neige ne s'arrête jamais, le vent les harcèle, la faim et la soif les tenaillent. Et la mort guette. Au cœur de la tourmente, ils font halte dans des fermes isolées, où les familles vivent recluses le long hiver. Ce sont des foyers pauvres mais dont les habitants partagent sans hésiter le peu qu'ils ont. Jens, le gamin, ceux qu'ils rencontrent en chemin et ceux du village, autant de magnifiques personnages.
C’est beau. Terriblement beau. Tellement beau que j’ai relu de nombreuses phrases, m’imprégnant de leur poésie, de leur rythme, les savourant. Et pour reprendre l’expression d’une autre blogueuse, je me suis retrouvée avec un livre hérisson. D'où l'impossibilité pour moi de faire un choix et de ne sélectionner qu'un seul extrait !

Je vous encourage fortement à lire ce roman et à découvrir Jon Kalman Stefansson si vous ne le connaissez pas encore. Quant à moi, j’espère bien lire rapidement la suite de cette trilogie.



Extraits :

« (…) des gens ont disparu en ces lieux, ils se sont transformés en flocons et nul ne les a jamais revus, l’été venu, ils ont fondu avec tout ce blanc et sont unis à la terre, sans doute ne peut –on imaginer plus belle mort, même s’il n’est jamais beau de mourir »


« La vie est un tel foisonnement que c’en est presque ridicule, incongru, au-delà du langage ; il est plus raisonnable de siffloter un air quelconque que de tenter de la cerner par les mots. »


« Il n’est en ce monde que peu de choses qui soient dignes de confiance, les dieux ont l’habitude de nous trahir parfois, quant aux hommes, ils en font profession, mais la terre, elle, ne vous trahit pas, vous pouvez sans hésiter fermer les yeux et avancer d’un pas, elle vous reçoit, vous accueille, je vais vous protéger, dit-elle, et c’est d’ailleurs pour cela que nous l’appelons mère. »


« (…) le lourd balancier de la grosse pendule oscille et Jens vieillit un peu à chacun de ses mouvements. »


« (…) puissance et richesse ne sont jamais allées de pair avec la poésie, peut-être est-ce pour cela qu’elle demeure si pure, et qu’elle est parfois la seule résistance digne de ce nom. »


« Les étoiles comme la lune disparaissent et bientôt ma clarté, l’eau bleutée du ciel, vient tout inonder, cette délicieuse lumière qui nous aide à nous orienter à travers le monde. Pourtant, elle ne porte pas si loin, cette clarté, elle part de la surface de la terre et n’éclaire que quelques dizaines de kilomètres dans l’air où les ténèbres de l’univers prennent ensuite le relais. Sans doute en va-t-il de même pour la vie, ce lac bleuté à l’arrière duquel l’océan de la mort nous attend. »


« Partir dans les montagnes par une nuit calme et sombre comme l’enfer pour y chercher la folie ou la félicité, c’est peut-être cela, vivre pour quelque chose. »

L'avis de Daphné
D'autres avis chez ClaraJérôme,

6 commentaires:

  1. Il va vraiment falloir que je lise cet auteur ; Il y a un ordre à respecter dans les lectures ?

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Celui-ci est le second d'une trilogie, il faut commencer par Entre ciel et terre.

      Supprimer
  2. Ne t'inquiète pas, tu as réussi à me tenter! :))

    RépondreSupprimer
  3. Je n'ai toujours pas lu cet auteur, pourtant ce n'est pas l'envie qui me manque.

    RépondreSupprimer